Est ce le coeur qui se lasse
L'envie qui se délasse
Sur des coussins d'ennui
Est ce un profond mépris
Qui rend le temps plus long
Et l'espoir moins violent
Et rien ne se mélange
A ce quotidien étrange
Un peu moins d'émotion
Et un peu d'érosion
Voilà les signes en somme
Les principaux symptômes
Mais pas d'antibiotiques
Et rien d’homéopathiques
Pour cet état latent
Pour ce vide encombrant
Comme quelque chose au fond du coeur qui s'évapore
Et doucement la vie devient incolore
Les envies s'envolent
1,2,3 soleil et puis plus personne
Quand on se retourne
Le temps s'étire
Comme de l'encre dans l'eau
Et nos désirs n'ont plus d'objet
Est ce les anniversaires
Trop vite surnuméraires
Ou une loi universelle
Est ce un spleen rebel
Qui chaque fois s'interpose
Et qui ankylose
Les sentiments, les rêves
Les passions qui nous soulèvent
Malheur à qui n’a plus rien à désirer !
Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède.
Jean-Jacques Rousseau (Julie ou la Nouvelle Héloïse)